fermer

Quelques jours avant l’annonce du confinement de la France en raison de l’épidémie de Covid-19, les Français se sont rués dans les commerces pour faire entre autres des stocks de produits alimentaires et d’hygiène. Mais nombreux sont ceux qui ont été surpris en découvrant que parmi ces produits de première nécessité figurait une célèbre pâte à tartiner au chocolat ! Une nouvelle preuve de l’addiction de nos concitoyens à ce produit !

Les Français champions de la consommation

Selon les données de l’institut Statista, en 2018, 60 % des Français consommaient de la pâte à tartiner chocolatée, 26 % mangeant même exclusivement la marque leader bien connue, fabriquée en Italie. 14 % consomment majoritairement cette marque, mais aussi d’autres marques et 7 % principalement d’autres marques mais parfois celle-ci. Seuls 12 % des Français n’achète jamais cette marque, mais seulement des concurrentes.

Avec 84 000 tonnes consommées chaque année en France (2,7 kg par jour, soit 1 million de pots), les Français font partie des plus gros mangeurs au monde : 26 % de la consommation mondiale !

Si le confinement décidé par le gouvernement en raison de l’épidémie du coronavirus Covid-19 (applicable à partir du mardi 17 mars 2020 à midi), s’attendant à celui-ci, les Français se sont précipités dans les magasins pour faire des réserves, nombreux étant ceux craignant une pénurie alimentaire. Comme l’a révélé l’institut Nielsen, le samedi 29 février précédent, les ventes de pâtes et de conserves de poisson avaient par exemple doublé. Celles de céréales avaient augmenté de 70 %, ainsi que celles de riz et de purée (+50 %), de conserves de légumes, des huiles et eaux minérales (+40 %). Sur l’ensemble de la semaine finissant ce samedi 29 février, les ventes d’épicerie avaient progressé de 17 %, celle des soins pour bébés de 15%, celles des produits de santé de 14 % et celles des aliments pour animaux de 11 %.

La semaine d’avant (du 17 au 23 février), certains produits avaient déjà connu des augmentations notables : les couches pour bébés (+27 %), l’essuie-tout (+17 %), les pâtes (+13 %), la farine (+11 %) et les pâtes à tartiner (+10 %). Ces dernières ont donc fait partie du « top 5 » des produits pour lesquels les Français se sont d’abord inquiétés ! Ce n’est pourtant pas le produit alimentaire auquel on pense en priorité en matière de produit de « première nécessité »… Mais c’est donc bien la preuve de la réelle addiction de certains de nos concitoyens.

Un produit critiquable

Tout le monde connaît sans doute l’expression « ça a le goût du péché ». Elle s’applique sans nul doute à cette célèbre pâte à tartiner au chocolat et aux noisettes. Tous ceux qui en achètent loueront son aspect gourmand, comme pour la plupart des produits au chocolat.

Mais le Nutri-Score de la marque leader est de « E ». Rien d’étonnant quand on lit les ingrédients qui la composent : Sucre, huile de palme, noisettes 13 %, cacao maigre 7,4%, lait écrémé en poudre 6,6 %, lactosérum en poudre, émulsifiant : lécithine de soja, vanilline. Et surtout quand on découvre en plus les valeurs nutritionnelles pour 100 g : 30,9 % de lipides (dont 10,6 % d’acides gras saturés), 57,5 % de sucres et 6,3 % de protéines. Soit au total 539 kcal pour 100 g ou 81 kcal pour une « portion » de 15 g. Mais qui n’en consomme que 15 g ?

Certes, les autres marques de pâte à tartiner chocolatée ne font pas vraiment mieux (encore que certaines ont un Nutri-Score un peu meilleur de « D »). Mais comme le soulignent de nombreux nutritionnistes, difficile de faire pire que cette marque leader…

La forte teneur en lipides (graisses), avec surtout une teneur en acides gras saturés élevée, n’est pas des plus recommandées, vu les risques cardio-vasculaires que cela induit. Idem pour la forte teneur en sucres. D’autres produits ont des compositions qui ne sont pas plus recommandables, mais vu la consommation quasi addictive de ce genre de produits (certaines personnes en mangent à la cuiller, jusqu’à deux ou trois pots par semaine !), le bilan n’est vraiment pas réjouissant.

Une gourmandise addictive, mais à consommer avec modération (image sipa via Pixabay).

En plus, les lipides utilisés sont - pour cette marque leader mais aussi pour d’autres - de l’huile de palme. Son fabricant la garantit certifiée durable, selon une chaîne d’approvisionnement traçable, la marque investissant de plus dans des actions de développement durable dans les pays qui produisent son huile de palme. Ce qui lui a d’ailleurs valu d’être classée comme un « bon élève », en matière d’huile de palme, par le WWF. Mais malgré tout, l’impact de sa culture sur l’environnement, même « contrôlé », est indéniable. Autre critique adressée à la marque : 30 % de ses noisettes proviennent de Turquie où elles sont récoltées par des migrants syriens ou kurdes, parfois aidés par leurs enfants, et ce pour un salaire dérisoire, comme l’a révélé à l’automne 2019 une enquête réalisée par l’ONG WeMove Europe.

Il faut noter ici qu’un peu d’acides gras saturés dans notre alimentation n’est pas préjudiciable à la santé, au contraire. De nombreux chercheurs s’élèvent d’ailleurs contre leur « diabolisation », soulignant entre autres qu’un excès de glucides est bien plus dangereux pour la santé cardiovasculaire. Mais il ne faut pas en abuser, et surtout, si on est « addict » à cette célèbre pâte à tartiner, regarder de préférence du côté des marques bio !

Les pâtes chocolatées bio, bien mieux sur de nombreux points

Quelles sont les différences entre une pâte à tartiner au chocolat et aux noisette bio et les pâtes conventionnelles, dont bien sûr le leader italien ?

Elles sont nombreuses. La première est qu’un grand nombre de marques bio (mais pas toutes) ont renoncé à l’huile de palme. Les matières grasses utilisées sont alors de l’huile de tournesol, du beurre de cacao, de l’huile de coprah (coco), de l’huile de noix, etc.

Concernant le sucre, il ne s’agit pas en bio de sucre raffiné, mais de sucre de canne brut, complet ou roux, de sirop d’agave ou de riz, ou encore d’inuline d’agave. La lécithine utilisée comme émulsifiant (mais de nombreux produits n’en contiennent pas) provient de soja bio, bien sûr.

Les ingrédients sont souvent très précisément sourcés, en général issus du commerce équitable : cacao de République dominicaine, extrait de vanille bourbon de la Réunion ou de Madagascar, noisettes d’Italie, sucre de canne du Brésil ou du Costa Rica. Sans oublier les matières premières à l’origine France garantie : lait, amandes, huile de noix…

Une foule de recettes originales

Parmi les nombreuses marques bio disponibles, plusieurs proposent des versions sans lait ni autre produit laitier pour les vegan ou les personnes intolérantes au lactose. Comme dit à l’instant, certaines sont sans lécithine. Parfois, des morceaux de noisettes apportent du croustillant et un soupçon de fleur de sel une petite saveur originale.

Il y a aussi des pâtes à tartiner au chocolat blanc, sans cacao, à base de lait ou de lait en poudre et de beurre de cacao, de noisettes mais aussi d’amandes ou de noix de cajou. Il existe également des versions praliné, et d’autres avec des amandes ou de la caroube (une légumineuse), qui apportent également un goût différent.

Plusieurs marques bio proposent des versions « chocolat blanc » (image Freepik).

Pour ceux qui ne « jurent » que par la marque leader non bio, si effectivement les marques bio savent innover en matière de goût, on en trouve aussi qui ont su élaborer des recettes avec un goût et une texture épaisse mais onctueuse très proches de celui de la « version originale » bien connue, mais avec moins de lipides saturés. Certaines sont par contre plus riches en chocolat, voire carrément au chocolat noir.

Les pâtes à tartiner chocolatées, c’est une variété énorme de goûts et de textures !

La qualité du savoir-faire artisanal

Une autre différence essentielle est le fait que la plupart de ces marques bio ont une structure qui est à des lieues de celle de la multinationale italienne (33 000 collaborateurs dans le monde !) qui fabrique la marque leader conventionnelle. On retrouve en effet beaucoup de PME, des entreprises familiales, voire des « petits fabricants » ayant un savoir-faire artisanal de plusieurs générations sur la transformation des noisettes et des amandes. Certains cultivent même leurs propres noisettes ou amandes, avec un sélection attentive des variétés de noisetiers et d’amandiers.

Leurs recettes sont traditionnelles, avec des noisettes cuites au poêlon et un conchage (chauffage du chocolat pendant plusieurs heures à basse température) comme le font les meilleurs chocolatiers artisanaux. Un des fabricants français a même obtenu le label officiel « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV) », décerné par le ministère du Commerce aux « fabricants attachés à la haute performance de leur métier et de leurs produits » et qui détiennent « un patrimoine économique, composé en particulier d’un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire », des entreprises « représentatives de l’esprit et du savoir-faire ‘made in France’ ».

Pour toutes ces marques, un seul objectif : le goût. Ce sont toujours des produits à la qualité incomparable, que l’on cherche un produit parfaitement analogue au leader mondial conventionnel, ou au contraire quelque chose de subtilement différent. Et grâce à la certification bio, ils sont de plus naturellement excellents pour la santé, car sans aucun de ces intrants de culture susceptibles de présenter un risque pour l’environnement ou pour l’Homme. Ces pâtes à tartiner chocolatées sont certes un peu plus chères que leur « modèle », mais cette différence se justifie pleinement.


Inscrivez-vous à notre newsletter

Recevez tous les 15 jours en avant-première une revue de presse de nos articles et vidéos & des infos sur les derniers produits ajoutés