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Le bio prend une place croissante dans l’alimentation des Français et c’est tant mieux. Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio, en 2018, la surface agricole cultivée en bio a dépassé pour la première fois les 2 millions d’hectares (7,5 % de la surface agricole utile, contre 6,5 % en 2017). Mais 31 % des produits bio sont importés (47 % des fruits et légumes). La production française ne suffit donc pas et, parfois légitimement, nombre de consommateurs s’inquiètent de la qualité moindre de certains produits importés. Comment repérer le vrai « Made in France ? »

Une appellation non réglementée

« Made in France », « Fabriqué en France », « Origine France » mais aussi « Origine Union européenne » ou à l’inverse « Non Union européenne »…. 3/4 des Français se disent prêts à payer plus cher pour acheter français, alors que bien souvent les produits ne le sont pas.

Le problème est qu’il n'existe aucune obligation légale d'indiquer le pays d'origine pour la plupart des produits alimentaires, à l’exception de certaines catégories bien précises comme la viande bovine, les poissons, les fruits et les légumes. En dehors de celles-ci, le fabricant peu ou non préciser l’origine, sous sa propre responsabilité, et il est libre de choisir la terminologie employée (« Fabriqué en France », « Origine France »).

Dans ce cas, pour pouvoir afficher une mention du type « Fabriqué en France », la seule condition à respecter est celle de « l'origine non préférentielle » figurant dans le Code des douanes communautaires (article 24). Celle-ci stipule qu’un bien composé de produits provenant de différents pays est considéré comme originaire du pays dans laquelle a eu lieu la « dernière transformation substantielle ». Un plat cuisiné élaboré à partir d’ingrédients provenant de pays étrangers peut ainsi, en toute légalité, être qualifié de « Made in France ».

Le label « Origine France Garantie »

Parmi les garanties figure le label « Origine France Garantie » ou « OFG », qui est une marque commerciale créée en mai 2011. Ce n’est pas un label officiel mais une marque de certification privée, initiée et promue par l'association Pro France, et reconnue par le ministère de l’Économie.

Elle est accordée à des fabrications réalisées en France selon des critères plus exigeants que ceux du « Made in France », dont les deux principaux sont :

  • le produit prend ses caractéristiques essentielles en France (c’est-à-dire qu’il prend sa forme distinctive en France),
  • 50 % à 100 % du prix de revient unitaire (PRU) de ce produit doivent provenir d'un travail réalisé en France

Concernant le premier critère, à savoir le lieu où le produit prend ses caractéristiques essentielles qui doit être situé en France, pour les produits naturels, « le lieu de provenance est celui de l’extraction, de la récolte ou de la croissance intégrale du produit (végétaux), ou celui où l’animal est né, a été élevé et abattu (animaux d’élevage). Pour les produits naturels transformés, « le lieu de provenance est celui des opérations qui ont donné au produit ses caractéristiques principales. Ce critère ne se limite pas aux opérations de préparation, de transformation et de conditionnement. Le cahier des charges de la certification stipule que : l’ingrédient principal en poids de la recette et quel que soit son poids dans la recette est obligatoirement d’origine France. Tous les ingrédients représentant en poids plus de 8 % de la recette mise en œuvre sont obligatoirement d’origine France et le ou les ingrédients dont les noms apparaissent dans la dénomination de vente et dans la dénomination commerciale du produit doivent obligatoirement avoir une origine française ».

Pour le second critère, le PRU est défini comme le prix du produit sortie d’usine, d’atelier ou d’exploitation. Le niveau de 50 % est un seuil minimal qui peut être porté à des niveaux supérieurs selon les secteurs d’activité. Les coûts liés à la recherche et au développement sont pris en compte, mais pas ceux liés à la commercialisation.

Exemples selon Pro France :

  • « Un jambon ne peut bénéficier de la certification que si toutes les étapes entre la naissance du porc (naissance, élevage, abattage, découpe etc.) et le conditionnement du jambon sont effectuées en France ».
  • « Un produit naturel transformé (plat cuisiné à base de viande par exemple) préparé en France, avec un PRU français supérieur à 50 %, mais dont l’ingrédient principal (la viande en l’occurrence) n’est pas d’origine France, ne peut pas prétendre au label ».
  • « Un produit naturel transformé (jus de pomme et de mangue par exemple) préparé en France, avec un PRU français supérieur à 50 %, mais dont l’ingrédient figurant dans la dénomination du produit (ou l’un des ingrédients figurant dans la dénomination du produit) – en l’espèce la mangue par exemple n’est pas d’origine France ne peut pas davantage prétendre à la certification ».

On peut consulter ici le « Référentiel sectoriel agro-alimentaire ».

Selon les termes de l’association Pro France, « La certification Origine France Garantie assure aux consommateurs la traçabilité du produit en donnant une indication de provenance claire et objective ».

 

AOP, AOC, STG : des certifications officielles

Comme on le voit, cette certification « Origine France Garantie », bien qu’exigeante, ne garantit pas de facto que 100 % du produit est d’origine France ni qu’il a été fabriqué dans une région spécifique.

Pour acheter, on peut donc compléter sa liste de critères de choix en se basant sur d’autres labellisations officielles (source des extraits qui suivent : www.inao.gouv.fr).

« L’Appellation d’origine protégée (AOP) désigne un produit dont toutes les étapes de production sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même aire géographique, qui donne ses caractéristiques au produit. C’est un signe européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne. L’Appellation d’origine contrôlée (AOC) désigne des produits répondant aux critères de l’AOP et protège la dénomination sur le territoire français. Elle constitue une étape vers l’AOP, désormais signe européen. Elle peut aussi concerner des produits non couverts par la règlementation européenne (cas des produits de la forêt par exemple). C’est la notion de terroir qui fonde le concept des Appellations d’origine. Un terroir est une zone géographique particulière ou` une production tire son originalité´ directement des spécificités de son aire de production ».

Exemples d’AOC ou AOP : bleu du Vercors-Sassenage (fromage), olives cassées de la vallée des Baux-de-Provence, beurre d'Isigny, fromage de Roquefort, volaille de Bresse, agneau des Prés salés de la baie de Somme, porc noir de Bigorre, miel de sapin des Vosges…

« L’Indication géographique protégée (IGP) identifie un produit agricole, brut ou transforme´, dont la qualité´, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées a` son origine géographique. L’IGP s’applique aux secteurs agricoles, agroalimentaires et viticoles. (…) Pour prétendre a` l’obtention de ce signe officiel lie´ a` la qualité et à l’origine (SIQO), une étape au moins parmi la production, la transformation ou l’élaboration de ce produit doit avoir lieu dans cette aire géographique délimitée. Pour le vin, toutes les opérations réalisées depuis la récolte du raisin jusqu'à la fin du processus d'élaboration du vin sont réalisées dans la zone géographique considérée. L’IGP est liée a` un savoir-faire. Elle ne se crée pas, elle consacre une production existante et lui confère dès lors une protection a` l’échelle nationale mais aussi internationale. L’IGP peut être basée sur la réputation du produit, qui s’entend au sens d’une forte reconnaissance par le public a` un instant donne´, et qui doit être associée a` un savoir-faire ou une qualité´ déterminée attribuables a` l’origine géographique ».

Exemples d’IGP : saucisse de Morteau / Jésus de Morteau, cidre de Normandie / cidre normand, œufs de Loué, volaille de Janzé, veau du Limousin, tomme de Savoie, crème fraîche fluide d’Alsace, huitres Marennes-Oléron, pruneau d’Agen, riz de Camargue, ail rose de Lautrec, sel de Guérande…

« La Spécialité´ traditionnelle garantie (STG) correspond a` un produit dont les qualités spécifiques sont liées a` une composition, des méthodes de fabrication ou de transformation fondées sur une tradition. La particularité´ de la Spécialité´ traditionnelle garantie se définit par deux éléments distincts et pourtant très lies : la spécificité´ et l’aspect traditionnel. La STG vise a` définir la composition ou le mode de production traditionnel d’un produit, sans toutefois que celui-ci ne présente nécessairement de lien avec son origine géographique. La Spécialité traditionnelle garantie relève d’un usage, d’un savoir-faire, d’une pratique ancienne, typique, particulière nationale, régionale ou locale mais qui peuvent être réalisés en dehors du pays ou de la région de provenance ou de fabrication du produit. La STG ne s’applique qu’a` des produits ou denrées alimentaires ».

Exemples de STG : jambon espagnol Serrano, mozzarella italienne au lait de bufflonne, moules de Bouchot (seule spécialité française portant ce label, parmi plusieurs dizaines de produits européens)…

Des certifications moins connues mais tout aussi essentielles

À côté de ces labellisations officielles, il existe de nombreuses autres certifications qui permettent de garantir une origine et/ou une qualité et un savoir-faire particulier français.

C’est le cas par exemple de « Sud de France », une marque créée en 2006 par la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée pour soutenir et promouvoir ses vins et ses produits agroalimentaires : « La marque Sud de France permet d’identifier, sous une image commune, des produits de qualité, rattachés à un territoire et à une culture ». Mais il en existe d’autres, comme les labels « Produit en Bretagne », « Hautes-Alpes Naturellement » (une marque territoriale portée par la Chambre d’Agriculture des Hautes-Alpes) ; « Esprit Parc National », le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » (« une marque de reconnaissance de l’Etat mise en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence »), etc.

On en trouve également spécifique au monde de la Bio, comme « Bio Sud Ouest », lancée en 2013 par les Conseils régionaux d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées et les associations interprofessionnelles ARBIO Aquitaine et INTERBIO Midi-Pyrénées. Celle-ci a pour but « de valoriser une production et un approvisionnement local, de soutenir les opérateurs bio régionaux et d’apporter une identification claire aux produits bio et locaux ».

Conseil : dès que l’on voit une certification d’origine régionale ou nationale, il ne faut pas acheter les yeux fermés - car il existe des logos privés (commerciaux) qui se donnent l’aspect de logos officiels - mais se renseigner sur leurs sites Internet respectifs pour vérifier les critères d’attribution. Et si la transparence n’est pas au rendez-vous, passez votre chemin !

 


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